Dbloc notes

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Alors chante Montauban

Allez, j'avoue, j'aime plus trop les festivals, j'ai du mal à m'enfiler 4 ou 5 prestations d'artistes dans la demie journée, déjà que parfois je me rêve en Dexter devant certaines premières parties, imaginez quand 3 ou 4 se succèdent, épiçant leur talent plus ou moins caché de discours interminables pour expliquer ce qu'ils ont voulu dire ou jouant l'auto dérision sans doute pour désamorcer une critique trop sévère… Je vais dans un festival généralement parce qu'un ou deux des invités me plaisent vraiment et là, le problème, c'est que l'artiste que vous appréciez déboule généralement avec un set raccourci pour laisser la place à un ou deux groupes aussi foireux que locaux avant et à une after avec un groupe bruyant sautillant donnant envie aux fêtards de s'agiter en picolant après (faut bien remplir les caisses). Outre le set raccourci, le festival c'est généralement éclairage à la lampe de poche, fumigènes qui se barrent dans le vent, décor rangé dans le camion, et sono très approximative ; du coup soit on en prend plein les trompes d'eustaches, soit on distingue à peine le chanteur derrière la batterie… 

Après il y a aussi les spectateurs, les festivals ayant souvent lieu dans des coins paumés où personne n'aurait envie de passer une soirée sans cette attraction (d'où les subventions municipales départementales et autres) , le festival draine ceux qui aiment un ou des artistes et tous les pecnos du coin qui cherchent une occasion de se torcher à la bière tiède et toutes les pecnottes qui sont contentes de retrouver leurs copines pour causer chiffons et mecs pendant que leurs blaireaux s'alcoolisent.  Pour finir le tableau, on y mange généralement des produits à la fraîcheur et à l'état sanitaire douteux cuisinés à la va comme je te pousse pour un prix qui laisse supposer que la pomme de terre est devenue une denrée aussi précieuse que sa cousine la truffe et le jus de houblon un produit plus rare et utile que le pétrole (si si, faites le calcul 3 € 25cl de Bière pression, ça nous met le litre à 12€, 10 fois plus que le litre de carburant).

 

Donc ayant raté Aldebert à Thaon en janvier pour cause de neige, je me suis propulsé dans la riante cité de Montauban pour le festival alors chante. J'ai du louper un truc super beau, je me voyais visitant une ville façon Carcassonne en plus petit, en dehors d'un pont et d'une église se reflétant dans l'eau du Tarn qu'on voit sur toutes les cartes postales, Montauban a l'allure de toutes ces villes moyennes du sud ouest, très étalée, un centre ville moribond et des satellites d'hypermarchés autour. Ce samedi matin, c'était aussi animé que le plateau des chiffres et des lettres, et le public semblait le même… On comprend mieux l'utilité du festival alors chante et du festival de jazz l'été (cet été l'invité phare de ce festival de jazz est d'ailleurs  ALAIN SOUCHON, cherchez l'erreur). D'après wikipédia, il y fait beau, il y a peu de vent et de précipitations ; ce week end là, il faisait donc un gros 15° à midi, le vent soufflait sérieux, on voyait plus de polaires que de dos nu, les marchands de glace déprimaient, quelques gouttes sont passées dans la journée et ça ne devait pas s'arranger le dimanche car l'organisation du festival avait décidé de rapatrier à l'espace eurythmie le concert de clôture prévu en plein air.

 

L'espace Eurythmie est le cœur du festival,  c'est là qu'ont lieu les concerts des « grands ». L'espace Eurythmie est très laid vu de l'extérieur, cube de béton brut décoré de quelques briques pour faire couleur local, il a cet air de pas fini typique des années 70-80, en prime il est tartiné d'affiches scotchées en vrac pour les concerts off et les festivals des 6 mois à venir dans les trous paumés des environs. A l'intérieur gradins et grande fosse centrale, bonne visibilité.

A cela on ajoute un chapiteau Magic Mirror implanté à proximité  et plus loin une caravane cigare en alu servant de studio à des émissions et un podium avec des concerts gratuits. Entre ces points principaux, toute la variété des gargottes à bouffe bricolée sur place et sur camping gaz amélioré voisine avec les marchands de m**douilles diverses issues d'un commerce certainement pas équitable entre des  babas cools style carottes dans les cheveux combi VW et le sud est asiatique, le tout dans des odeurs d'encens plus ou moins frelaté. Un étal sortait du lot, un marchand d'instruments de musique exotiques.  D'autres spectacles avaient lieu en ville, mais pas eu le temps ni l'envie, le seul qui me tentait était Toulis, mais je craignais de rater le début du poireautage pour Aldebert, parce que comme pour tout spectacle non placé ça poireaute grave…

 

 

 

Aldebert spectacle "J'ai Dix ans" avec le cirque plume

 

Par où commencer sans trop en dévoiler sur le spectacle ? d'abord festival de Montauban et soirée du 25 ème anniversaire, nous n'avons pas eu la version intégrale, il manquerait selon ceux qui l'ont déjà vu au moins 3 titres, disons que la set liste fait la part belle aux titres présents dans la tournée « l'année du singe » et un medley vraiment top. Entre les chansons et pendant, les artistes du cirque Plume intervienne, c'est tantôt comique tantôt très poétique, la dame au camel light … Les interventions ne sont pas plaquées et font partie du spectacle, ça devait ronfler super quand le spectacle tournera vraiment et que tout le monde fera son trou. Je ne sais pas si c'était juste l'utilisation des éclairages du festival ou si c'est calé comme ça, mais je les ai trouvés particulièrement classieux et efficaces. Côté équipe, ça gaze un max avec la section cuivre en forme, juste un truc qui m'a un peu manqué, le violoncelle sur la dame aux camel light par exemple, mais le violoncelliste était dans la salle, de passage à Montauban avec Melismell.

Pour une fois, j'ai opté pour le spectacle vu des gradins, sur les conseils des connaisseurs, je n'ai pas regretté, la vue d'ensemble du spectacle et de ses éclairages était vraiment excellente.

On a tout juste eu le temps de faire coucou de loin à Bitchon, aperçut Mr Touf  et papoté un peu avec Lemon et Jérôme, pas grave on se rattrapera plus tard, je ne sais pas encore vraiment où et quand, mais je sens que je vais revoir ce spectacle plus d'une fois, déjà 2 dans l'agenda.

 

 

  

Après ça, soirée anniversaire, les musiciens restent en place et vont devoir accompagner tous les talents découverts présents dans un de leurq titres persos et dans au moins une reprise d'un « grand parrain » du festival. Un petit côté émission de variétés façon Lumbroso mâtiné nouvelle star et distribution des prix de l'école de musique pour le côté interminable. Parfois on aurait bien envie d'en tacler quelques uns ou unes  façon Manoukian « vous avez un plan B ? » . Le sommet ce fut sans doute une chanteuse aux faux airs de Céline Dion débutante, qui interpréta au piano sa chanson « Plouf » si si, c'est pas un gag, et qui malgré quelques soutiens dans la salle, la famille sans doute,  fit surtout flop, on comprend mieux qu'elle ait été sélectionnée dans ces découvertes quand on apprend qu'elle est du coin, la régionale de l'étape quoi, j'ai même oublié son nom.

Dans la suite du défilé, pas besoin d'assassiner les participants, certains font montre d'un vrai talent déjà vu Nicolas Jules, Manu Galure par exemple,  d'autres comme « Presque oui » Carmen Maria Véga( un poil surexcitée) ou Romanens sont à découvrir pour voir ce qu'ils ont à vendre mais ils savent le vendre.

 


 Carmen Maria Vega et Barcella dans une reprise de Nougaro


 Amélie extrait de votre fille a 20 ans

 

 

Hors catégorie, Amélie les Crayons qui arrivera même à faire taire les 2 jacasseuses de services qui se sont plantées pas loin de moi, Aldebert dont le duo « plus tard quand tu seras grand » avec Jamait était excellent, ou le même Aldebert avec Amélie les Crayons pour un « Mon p'tit loup » tout en sensibilité et en retenue.

 

Journée de Samedi découverte de Montauban, le matin, vite abrégée j'ai déjà parlé de l'animation.  Retour sur le lieu du festival pour les passages gratuits pour le public en tout cas, de futurs talents (c'est ce qu'ils espèrent en tout cas) sur des podiums extérieurs ou dans la fameuse caravane improvisée.  Rien de mieux à faire, je m'installe là pour bouquiner, en plus il y a un vélum en cas d'averse, en prêtant une oreille et en jetant un œil, quelle générosité !

  Un défilé assez touchant que ces jeunes talents, essentiellement des garçons (ça doit être comme pour le roman, le public acheteur étant essentiellement féminin faut adapter le produit) généralement accompagnés d'une attachée de presse entre grande sœur et mère juive qui drive le poulain. Pour mieux rester dans l'œil du public, ils ont un uniforme un tel un costume noir avec une chemise blanche portée à la BHL, tel autre croisé plusieurs fois en 3 jours arborait toujours le même ensemble costume chemise chapeau, regard gyrophare en quête d'hypothétique reconnaissance. Certains ont l'air aussi à l'aise qu'un lycéen qui va acheter ses caleçons avec maman, d'autres ont l'impression en ayant passé dans la fameuse caravane radio télé avec son public enthousiaste d'à peine 10 spectateurs recrutés pour s'enthousiasmer, qu'ils sont devenus des vedettes et se retrouvent au milieu du public, guettant en vain un regard qui montrerait qu'on les a reconnus. Les plus chanceux ont deux ou trois personnes qui se précipitent pour leur dire à quel point c'est génial et demander une dédicace sur un CD ou une carte postale promo, espérant sans doute faire partie de cercle des « découvreurs » qui pourront dire dans 10 ans, « je me souviens de lui à Montauban,  c'était pas génial mais j'ai tout de suite senti le potentiel ». Quel courage il faut à ces « jeunes talents » pour s'installer devant 5 personnes assises dans des sièges de jardin, dont l'un bouquine, deux autres papotent en jetant un œil vers la scène, et je ne parle pas du 4° un local en survet rose à empiècements mauve et bleu des années 80, qui picole sa bière en répondant souvent à côté aux sollicitations de l'artiste… Quelle inconscience et quelle témérité, quand ils demandent au public de reprendre un vague refrain.  On se prend à applaudir, pas par enthousiasme mais plus comme on balance une pièce dans la sébile d'un chanteur de métro…

Un seul a retenu mon attention sans m'agacer, sans doute à cause de sa simplicité et du fait qu'il était tout seul avec sa guitare et son tambourin à pied, qu'il réglait sa sono tout seul, Samir Barris, un jeune belge, des yeux verts, ça revient à la mode, tant mieux. Comme beaucoup de ces jeunes talents, il vient nous raconter ses histoires de cœurs en solo guitare, « pop rock folk » dit son site, avec des influences jazzy (j'ai reconnu un cover de Carlos Jobim), rien de bien nouveau dans l'écriture un peu plate, mais au moins, il ne se la joue pas.

Pour le reste, j'ai eu droit à du « new french pop », « R&B/Zouk/Hip-Hop »  « Pop chaloupée » « Pop-blues-reggae »  « Chanson digi-folk »  z'ont de l'imagination les agents d'artistes et autres attachés de presse.

 

Le Bénévoles, pour faire venir le public dans un festival, il faut des têtes d'affiche, donc on fait appel au showbizz qui déboule avec ses grosses machines qui sont facturées jusqu'à plus de 50 000€  (plus pour d'autres festivals) moyennant quoi, il faut des subventions et des bénévoles, et oui, pour ramasser les poubelles, nettoyer les salles et les abords sans parler des sanitaires, donc les artistes polis, n'oublient  pas de remercier  les bénévoles et les organisateurs, c'est bien le moins qu'on peut faire. En échange, les bénévoles ont droit à un joli badge qu'ils portent fièrement autour du cou avec une ostentation inversement proportionnelle à leur importance, quoi que, si les toilettes ne sont pas nettoyées cela em….bête tout le monde, et ce n'est certainement pas la partie la plus agréable du job. Les festivals sont bien le reflet de la société actuelle, on ne peut pas dédommager des bénévoles de l'équivalent de 4 journées de smic mais on peut faire un chèque de plusieurs dizaines de milliers d'euros à un tourneur…(et je ne parle pas du millions d'€ pour la tournée Springsteen aux vieilles charrues).

 

Donc samedi soir, concert Renan Luce. Oui, je l'ai vu une semaine avant dans des conditions idéales, mais bon il y a Bazbaz avant, et puis une fois sur place  autant profiter avant de rentrer.

Bazbaz arrive déroulant son reggae frenchy essayant plutôt vainement de bouger la salle, la sono claque à mort, ça doit anesthésier tout le monde, il a beau ramer la salle ne bougera pas vraiment, juste pour les anciens tubes genre « sur le bout de la langue » où certains ont l'air de se dire « ah bon, c'est de lui… »

Les vendeurs d'enclumes lauréats de l'année Public et pro viennent faire une chanson et remercier tout le monde, on peut penser qu'ils feront mieux que mademoiselle Plouf, je m'autorise à le croire.

Entracte, les poches à bière vont faire le plein, les mamies vont pisser pendant que les copines gardent les sacs à main, les mômes se ravitaillent en saloperie à manger.

 Renan Luce déboule, toujours aussi excité, la voix amochée par les 3 olympia le festoche à st etienne et l'autre en suisse la veille. Le décor est installé en partie, le rideau de chaine au fond, mais pour les projections vidéo à part 2 passages, ce sera bernique pour cause de portants lumière dans le champ. Le set est raccourci, exit les cartons et ça enchaîne vite. La sono, un peu forte et je ne me fais pas vraiment à cette balance à l'américaine qui fait qu'il a toujours l'air à la course derrière les musiciens, la voix s'en ressent d'ailleurs.  

 

Après la mollesse devant Bazbaz, le public s'est réveillé, ou alors il était venu pour ça et il fait un triomphe à celui qui était "découverte" 4 ans seulement avant. Bazbaz de passage dans la salle avec sa bassiste aux bottes vertes regarde ça d'un œil mi envieux, mi dégouté.  Renan a l'air un peu plus ému que d'habitude devant ce triomphe, les musiciens aussi, même s'ils ont l'air un peu crevés. Un bon petit set, malgré des réglages sono un peu approximatifs et un public en parti composé de gniards qui passent leur temps à monter et descendre des gradins… mais bon, ça doit être les mômes du coin et c'est pas tous les jours qu'ils peuvent se balader dans une ambiance de fête (je sais c'est pas gentil, mais je me suis tellement fait iech quand j'avais leur âge et qu'on visitait de la famille à Agen ou Villeneuve sur lot dans une chaleur poisseuse d'après midi d'été avant orage, que je compatis à cette souffrance continue, j'en arriverai presque à comprendre les kékés qui se démontent à la bière entre 2 rencontres de tuning sur les parking des hypers).

 le dernière phrase n'est pas sponsorisée par l'office du tourisme de la région midi pyrénées...


 



19/05/2010
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