Dbloc notes

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Elisabeth Kontomanou

Elisabeth Kontomanou

 

Jeudi soir, Elisabeth Kontomanou est à ma porte pour 7€, une occasion de voir et d’entendre, en plus je me suis laissé dire que c’était un programme axé sur Billie Holiday, Armstrong et quelques autres. Donc je  me retrouve avec un public très différent du public habituel de la salle plutôt chanson française, le public des jazzeux. Ah, ce bon vieux public que j’ai fréquenté bien des fois dans ma jeunesse, qui partage avec certains rockeux ce gout du secouage de crinière vaguement en rythme pour montrer qu’il participe…  Et oui, j’ai aimé le jazz, et j’aime encore écouter certains, mais je n’ai jamais eu  cette envie de me la jouer pour montrer que je suis dans le truc en faisant des grands trucs démonstratifs avec la tête ou la main, ça doit être mon passage par le classique d’abord (faudra que je raconte un jour mon dernier concert classique Chopin Satie Mozart Debussy et le public classiqueux). Le Jazz je l’ai connu grâce à Nougaro, il savait faire le tri, et puis dans les années 70-80, le jazz est devenu un exercice de virtuosité, une sorte de concours de dactylo pour les instruments faisant appel aux doigts et un ruine babine pour les souffleurs d’embouchures qui s’évertuaient à nous sortir les sons les plus improbables de leurs instruments, alors que les percussionnistes ponctuaient le tout de solos interminables qui vous laissaient les tympans en charpie.  Bref, il m’arrive assez souvent de penser qu’à force de vouloir faire du nouveau tous les styles artistiques touchent leurs limites et sombrent dans l’abscons et parfois même sans l’abs. Pour légitimer tout cela, en musique comme en peinture il faut des gugus développant un discours de psychanalystes en mal de client et désireux d’épater le bourgeois, et ça marche pour la peinture, la musique contemporaine ou le jazz entre autre.

Donc, c’était un concert d’Elisabeth Kontomanou, un duo avec son pianiste, j’aurai volontiers ajouté une contrebasse pour structurer rythmiquement cette affaire. Son pianiste brillant au demeurant, joue dans le style que je n’aime pas trop quand il fait des solos, il tape fort et joue de la pédale de façon agressive… Elisabeth Kontomanou a une très belle voix, elle en fait des merveilles, l’ensemble est agréable, mais en dehors de deux ou trois morceaux emblématiques comme summertime, ou  georgia on my mind, l’absence de rythmique oriente le choix des morceaux vers du lent, et puis j’avoue, j’aurais aimé, cheek to cheek , strange fruit, lady sings the blues,  donc ce concert aura été un moment agréable mais sans grande émotion.

Hélas, il y avait le public des jazzeux, donc comme il faut faire le connaisseur, c’est le concours de celui qui applaudira le premier quand le pianiste aligne 4 accords et fait un arpège, ça doit être les anciens fayots, ceux qui couraient pour laver le tableau ou remplir les encriers. Enfin, c’est pas non plus exclusif au jazz, dans la variété française il y a les mêmes, souvent des femmes qui veulent attirer le regard du chanteur en chantant un poil avant lui pour montrer qu’elles sont des vraies fans.  Le public des jazzeux donc, se veut connaisseur, et comme c’est un genre déjà ancien, ça attire le collectionneur, j’en avais un derrière moi, à chaque morceau il disait à son voisin, sans doute en lui donnant un coup de coude pour ponctuer, un truc du genre « ça c’est une composition de Jelly Roll Morton, mais au départ c’est un thème que Bix Beiderbecke a joué avec Armstrong au Smoking Dog en 1930 » j’ai un 78 tours ou un 33 tours à la maison j’te montrerai »… et comme ça à chaque morceau, le professeur fait son cours et donne des références, il a de la chance l’ami, non seulement il se fait pourrir son concert mais en plus il aura droit à l’exhibition de la collection, pourvu que le prof ne soit pas aussi photographe, sinon le pote est mûr pour la soirée diapo et maintenant le PPS tournoyant s’il est passé au numérique.  J’aurai au moins échappé à ça, et j’ai eu de la chance, les amis qui étaient avec moi avaient derrière eux un obsédé du rythme, et comme il devait avoir peur au syndrôme du vieux secoué, au lieu de secouer la tête il rythmait du pied ET des genoux, dans le dossier de la personne devant…

 

 

 



21/03/2010
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